la fille aux 200 doudous... et autres pièces de théâtre pour enfants
Les 25 pièces de théâtre de Ternoise
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tragécomédie contemporaine avec un notaire ... Acte 3 le notaire tragécomédie contemporaine






Même décor. Le notaire derrière son bureau. Florence, enceinte, assise sur une chaise à la droite du bureau.
Devant le bureau, assis : madame le maire du village et Stéphane Ternoise. Florence, le plus discrètement qu’il lui est possible, le dévore régulièrement des yeux.
Madame le maire signe les feuillets d’une pochette verte.

Madame le maire : - Et voilà, tout est en ordre. Une dernière signature. Encore une bonne chose de faite.
Maître Pierre : - C’est Florence qui a rédigé l’acte, tout est donc parfait. Pour nous, un tel acte, c’est la routine, notre pain quotidien.
Madame le maire : - Enfin, je suis satisfaite que cette affaire se termine... (se tournant vers Stéphane :) je pense que certaines pages de certains sites internet vont ainsi êtes positivement modifiées.
Stéphane Ternoise : - Vous savez... Je ne suis pas propriétaire de l’ensemble des sites internet de la planète. Même pas de ceux de l’espace francophone. Et en plus, même dans le canton, des voix divergentes peuvent se faire entendre ! Internet est une démocratie qu’on retrouve rarement en démocratie.

Madame le maire, en souriant : - Je vous fais confiance. Je crois que vous savez très bien les pages auxquelles je me réfère.

Stéphane Ternoise, en souriant : - Vous savez bien qu’un écrivain se sert de sa vie comme source principale d’inspiration. Imaginez qu’un jour je me mette au théâtre et qu’une de mes pièces présente madame le maire et monsieur le notaire d’un petit village du Quercy.
Maître Pierre : - Ce serait déloyal, monsieur.

Stéphane Ternoise, très badin : - Je sais naturellement que la loyauté est un des piliers de votre ordre.
Maître Pierre : - Je suis très heureux de vous l’entendre ainsi rappeler.
Stéphane Ternoise : - Mais l’écrivain n’a pas à se plier aux apparences, aux contingences, aux allégeances, il peut exposer le noyau noir de sa vie, et celui des autres. Chaque profession a ses grandeurs et ses bassesses.
Madame le maire : - La vie m’a appris qu’il est toujours préférable de ne pas généraliser.
Stéphane Ternoise : - Et pourtant, tous les métiers sécrètent une déformation professionnelle, les écrivains puisent dans leur vie, les viticulteurs vérifient du matin au soir si leur vin vieillit bien, les institutrices font des enfants, les fonctionnaires bougonnent et il est même des professions où l’on tente systématiquement d’obtenir un peu d’argent en liquide.

Madame le maire, se levant : - Maintenant que tout est ordre, nous n’allons pas vous déranger plus longtemps, maître...

Stéphane Ternoise, se levant et se tournant vers Madame le maire : - Ne vous inquiétez pas, madame le maire ! Je parlais naturellement des agriculteurs où l’on essaye de vendre sans facture.

Madame le maire, lui souriant : - De part ma profession, j’avais saisi. Il est même des agriculteurs qui chaque année me demandent s’il n’y aurait pas un moyen de contourner la loi. Pour les subventions, ils veulent des factures mais quand il s’agit de gruger l’état, ils sont les premiers. Nous sommes passés depuis bien longtemps à la comptabilité réelle et ce genre de pratique est de l’histoire ancienne. Comme dans de nombreuses professions .
Stéphane Ternoise : - Ce qui n’empêche pas certains d’essayer !
Madame le maire : - Quand l’honnêteté y gagne, tout le monde est gagnant. (se tournant vers le notaire, approchant sa main droite pour serrer celle de son premier adjoint) Pierrot, on se voit demain soir au Conseil.
Maître Pierre : - Si notre Dieu à tous me prête vie ! Je n’ai jamais raté un Conseil depuis mon élection. Même avec 39,2 de fièvre, j’étais fidèle au poste. Je crois qu’un jour je mériterai une citation dans le livre des records.
Madame le maire : - L’homme le plus ponctuel du canton (elle se tourne vers Florence et, lui serrant la main :) Florence, vous allez donc bientôt laisser votre beau-père sans secrétariat.
Florence : - Il ne sera jamais seul ! Marcel débute en associé le vingt-cinq.
Madame le maire, se tournant vers le notaire : - Alors c’est fait ! Le fiston revient au village.
Maître Pierre : - Je pensais vous l’annoncer au Conseil... Florence, vous m’avez grillé.
Florence : - Oh excusez-moi...
Madame le maire : - Je garde l’information pour moi. Case « confidentiel ». Je vous laisserai la parole à la fin du Conseil. Si vous le permettez je ferai préparer le champagne.
Maître Pierre : - Oh, ce n’est pas nécessaire, c’est dans l’ordre des choses, n’en faisons pas un événement.
Madame le maire : - Vous connaissez ma position : « il ne faut jamais rater l’occasion de servir le verre de l’amitié, il rapproche ainsi les gens, ressoude l’amitié. »
Stéphane Ternoise, voix faible, durant la respiration de Madame le maire : - Surtout quand il est payé par la collectivité ! (madame le maire et maître Pierre font comme s’ils n’avaient pas entendu et Florence sourit)
Madame le maire : - Enfin, Pierrot, nous en reparlerons et vous déciderez.
Stéphane Ternoise : - Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Maître Pierre, tout sourire : - Vous l’avez dit !
Stéphane Ternoise, serrant la main du notaire : - C’est une réplique d’un ami, le sieur Voltaire. Un brave homme.
Maître Pierre : - Je m’en doutais.

Stéphane Ternoise, sert la main de Florence (ils sont troublés) : - Madame.
Florence, retenant sa main plus que de nécessaire : - Vous allez donc nous écrire une pièce de théâtre ?
Stéphane Ternoise : - Pas pour l’instant... Ce n’était qu’une réflexion de circonstance... Je reste fidèle au vieux roman. Quand on se sent bien quelque part, on a des difficultés à changer, ailleurs ça peut faire peur, quand on se sent bien dans un genre, on a des difficultés à le quitter... (de plus en plus troublé) Alors ça ne servirait à rien d’aller me divertir avec du théâtre... J’ai mes habitudes. Nous avons tous nos habitudes. Le théâtre contemporain n’intéresse personne.
Florence : - Pourtant je crois que vous pourriez faire de belles choses au théâtre. Quelqu’un a écrit que vous avez le don du dialogue.
Stéphane Ternoise : - Ça devait être l’un de mes pseudos ! Comme Stendhal a signé sous deux cents noms, je supplée les journalistes sûrement trop occupés ailleurs. Peut-être qu’un jour je changerai de vie, je changerai de genre... Et terminerai ma vie fidèle au théâtre...

Madame le maire, qui jetait des regards discrets au notaire, ouvre la porte.

Florence : - La littérature est mon jardin secret.
Stéphane Ternoise, en souriant : - Vous êtes donc une exception dans le canton. Tenez bon, la littérature est la vraie vie... Et si un jour vous souhaitez devenir membre du jury salondulivre.net... Vous n’avez qu’à passer me voir.
Florence : - Oh merci !... Mais je doute d’être à la hauteur du jury d’un prix littéraire... Je suis une simple lectrice...
Stéphane Ternoise : - Lire permet de conserver une certaine humilité... Mais parfois il faut savoir saisir les occasions qui se présentent.
Madame le maire : - Excusez-moi, mais on m’attend au bureau.
Stéphane Ternoise : - Je vous suis, madame le maire, même si nos routes sont opposées.
Madame le maire : - Bonne journée mes amis.
Maître Pierre : - A vous pareillement, Christine.

Stéphane sort avec Madame le maire, referme la porte.

Maître Pierre : - Je croyais qu’il ne partirait jamais ! Vous avez exagéré Florence ! Vous ne croyez pas que de m’obliger à retirer mon veto à la mairie était déjà bien suffisant !
Florence : - Je souhaite tout faire pour apaiser les tensions dans notre pays. Il est de notre devoir de travailler au rassemblement de la nation (on la sent ailleurs)
Maître Pierre : - Tu vas bien ?
Florence : - Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de parler avec un écrivain.
Maître Pierre : - Vous n’allez quand même pas me faire croire que sa conversation vous intéressait.
Florence : - Je suis admirative des gens qui vivent debout.
Maître Pierre : - Ecrivain, écrivain, qu’il dit. En tout cas, il vit du RMI. Ça permet peut-être de se donner un genre, écrivain, mais ça ne nourrit pas son homme.
Florence : - Mais l’éternité lui appartient ! Qui se souviendra de nous dans 200 ans, alors que Molière, Racine, Hugo, Voltaire, Auster, sont éternels.
Maître Pierre : - Il est vrai que vous avez fait des études littéraires. Mais en tout cas, moi je préfère vivre comme je vis plutôt que dans la misère comme cet écrivaillon.
Florence : - Il faut une certaine grandeur pour accepter d’avancer à contre-courant.
Maître Pierre : - Mais ce n’est pas une raison pour vivre aux crochets de la société ! Il proclame refuser toute subvention mais n’hésite pas à se la couler douce au Rmi ! Il pourrait au moins être honnête !

Florence éclate de rire.

Maître Pierre : - Flo !
Florence : - Excusez-moi, je n’ai pas pu me retenir.
Maître Pierre : - Et qu’ai-je dit d’aussi drôle ?
Florence : - Le mot honnête, dans votre bouche.
Maître Pierre : - Oh ! Flo ! Comment me considères-tu ?
Florence : - En plus, c’est une réplique de votre écrivain préféré. Quand il se met en scène et se tourne en dérision.
Maître Pierre : - Parce qu’en plus vous achetez ses livres !
Florence : - Avec mon argent !
Maître Pierre : - Toi, ton mari devrait te surveiller ! Je trouve que tu vas un peu trop souvent là-haut !
Florence : - Oh ! Je marche ! Je ne suis avancée au bourg qu’une seule fois. Et c’était justement pour acheter son troisième livre. Parce que j’avais lu une excellente critique sur internet... Tu ne vas quand même pas reprocher à une femme enceinte de marcher !
Maître Pierre : - Mais non, ma Flo. C’était juste pour te taquiner. Même pour une gloire posthume, je n’échangerais pas ma place contre la sienne... Je suis l’homme le plus heureux du monde... Approche ma douce que je touche notre enfant.
Florence : - Nous avons dit pas ici !
Maître Pierre : - Où alors ?! Je suis quand même son papa à ce petit bout de chou qui m’a l’air bien vigoureux.
Florence, apitoyée, s’approche : - Allez, une main.

Le notaire, la main gauche sur le ventre de sa belle-fille est aux anges. On frappe. Entre Yvonne. Le notaire, tout à son émerveillement, n’avait pas entendu frapper. Il sursaute, comme pris en faute.

Yvonne : - Oh !... Le notaire a beau être votre beau-père, je ne pense pas que cette attitude soit bien convenable.
Maître Pierre, soudain en colère : - Madame, tu m’emmerdes.
Yvonne : - Oh !
Maître Pierre : - C’est la première fois de ma vie que je touche le ventre d’une femme enceinte. La première ! A soixante-cinq ans ! Il est certains sujets sur lesquels je vous prierais de tourner trente-sept fois votre langue avec d’ouvrir la bouche. Et qu’on n’aborde plus le sujet ! Silence !
Yvonne : - Mon Dieu (elle joint les mains) 124... 124... Mes calculs astrologiques sont à 124.
Florence, en souriant : - C’est la troisième fois cette année que vous paniquez à cause de vos calculs... Et que je sache, les deux premières fois, la terre ne s’est pas arrêtée de tourner. Elle tourne même sans jamais dévier de sa route, elle !
Yvonne : - Ma fille... Ma fille... Dieu vous pardonne... Vous ne savez pas tout... Heureux les innocents...

Florence la fixe.

Florence, en souriant : - Vous devriez prendre du Prozac, comme vous l’a prescrit le docteur.
Yvonne : - Le docteur, oh ma fille, si vous saviez ! Des mises en garde ! Pour annoncer un engrenage. Et l’inéluctable avance pas à pas... Mon Dieu... 124 était sorti deux fois aussi avant...

Le notaire fait un geste de la main pour sa belle-fille, en direction de son épouse, signifiant : elle est folle.

Yvonne : - Je n’y avais pas fait attention, la première fois... J’étais à l’âge de l’ignorance.
Maître Pierre : - Madame, vous divaguez. Laissez-nous travailler.
Florence, en souriant : - Je crois que ce midi nous mangerons des sardines... Heureusement, l’armoire est pleine de cakes ! Je suppose, madame Yvonne, que vous préférez retourner vous coucher...
Yvonne : - Ne souriez pas ma fille... N’ironisez pas ainsi ma fille... Oui ma fille... Je n’ai plus que cela à faire... Ne souriez pas... Vous ne savez pas sur qui va tomber la foudre aujourd’hui... Je ne peux m’opposer à l’inéluctable... J’ai pourtant tout essayé... J’ai fait une neuvaine, j’ai brûlé des cierges, j’ai prié Saint Benoît, j’ai prié Saint Christophe ! J’ai même prié notre regretté Jean-Paul II, le Saint Homme... (elle joint les mains) Je m’en remets à ta volonté, Seigneur.

Elle fixe une toile (un château), se signe puis sort en courant.

Maître Pierre : - Si on ne la connaissait pas, elle nous donnerait le cafard.
Florence : - Pauvre femme... Mais qu’y a-t-il dans le coffre-fort ?
Maître Pierre : - Pourquoi me poses- tu cette question ?
Florence : - Je ne t’ai jamais vu l’ouvrir... Yvonne a fixé avec une telle intensité le tableau, j’en conclus qu’elle scrutait derrière la toile.
Maître Pierre : - La pierre.
Florence : - Oh ! La pierre ! Vous gardez dans votre coffre la pierre qui a tué son amant.
Maître Pierre : - Je l’ai cachée là le premier jour. A cause du sang. Je m’étais dit que je la jetterais dans la Garonne. Et les années sont passées. Le temps passe si vite quand...
Florence : - Il faut le faire. Vous ne pouvez quand même pas garder cette pierre alors que Marcel...
Maître Pierre : - J’ai bien réalisé l’acte de ce Ternoise, je peux jeter cette pierre.
Florence : - Montre-là moi.
Maître Pierre : - Ça non !
Florence : - Et pourquoi ? Puisque tu vas la jeter, j’ai le droit de la voir.
Maître Pierre : - Tu oublies ton état ! Tu crois que je me le pardonnerais si je te causais un choc !
Florence : - Bon... Parfois tu as raison ! Mais tu me promets de la jeter aujourd’hui.
Maître Pierre : - Je vais à Montauban cette après-midi... Je crois d’ailleurs que je vais partir tout de suite et me payer le restaurant.
Florence : - Alors je mangerai des sardines seule.
Maître Pierre : - Votre mari doit rentrer ce midi.
Florence, en souriant : - Je l’oubliais lui !... Je vous laisse donc vous préparer.

Elle fait deux pas vers la porte.

Florence : - Bon courage.
Maître Pierre : - Merci Flo... Je te rapporte une bouteille de Sauternes ?... Et un peu de foie gras ?...

Elle lui envoie un baiser, sourit et sort.

Maître Pierre : - Cette pierre n’a plus rien à faire ici. J’ai quand même été imprudent de la garder. Comment aurais-je expliqué le sang de cet idiot sur une pierre dans mon coffre-fort ! (en souriant) Personne n’aurait osé demander l’ouverture du coffre-fort du notaire !

Tout en parlant, il se lève, va au coffre-fort, retire le tableau, le pose sur une chaise, prend son trousseau de clés, ouvre le coffre-fort et caresse la pierre.

Maître Pierre : - J’ai ici assez de secrets pour déclencher une guerre civile dans le canton... L’arme fatale !

Marcel entre sans frapper, une bouteille de whisky en main, claque la porte, regarde vers le bureau et ne voit pas le notaire.

Marcel : - Où il est, où il est ! Il est pas là, ce salaud.

Le notaire le regarde sans comprendre.
Marcel donne un coup de pied dans le bureau. Avec sa bouteille de whisky il fait tomber quelques dossiers ; elle se renverse sur le bureau. Il se retourne, fait deux pas vers la porte du secrétariat, et aperçoit le notaire.
Marcel se précipite vers lui, en titubant.

Marcel : - Salaud.
Maître Pierre : - C’est à ton père que tu t’adresses ainsi. Veux-tu t’excuser immédiatement.
Marcel : - Maman m’a tout dit. Salaud. Assassin.

Marcel attrape le notaire par la cravate, le pousse contre le mur.

Maître Pierre : - Hé doucement... (il repousse Marcel qui continue à le tenir du bout des bras) Ta mère est très perturbée ce matin... Tu ne connais pas très bien les femmes... Mais il y a des périodes où elles sont sujettes à certaines vapeurs... (Marcel le fixe dans les yeux)
Marcel : - Salaud, assassin.
Maître Pierre : - Tu as fêté ton départ de Cahors... Allez lâche-moi... Sinon je vais devoir te faire une prise de judo... Il faudra que tu te modères un peu niveau boisson quand...

Marcel voit la pierre dans le coffre, pousse le notaire qui se cogne contre le mur, il prend la pierre dans le coffre et fonce sur le notaire, lui fracasse la tête. Le notaire n’a même pas le temps d’esquisser un geste.
Maître Pierre s’effondre en bredouillant « Flo ».
Florence entre, hurle « non ! »


Rideau - Fin

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Chanteur écrivain même cirque théâtre Deux femmes deux hommes

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