la fille aux 200 doudous... et autres pièces de théâtre pour enfants
Les 25 pièces de théâtre de Ternoise
- Youtube Théâtre.


- Livres.
La route Ternoise
Les pièces... Les livres

Acte 3 Chanteur chanson théâtre pièce disponible


Une quinzaine d’années plus tard. Dans le même salon. Peu de changements. Elodie et Chantal assises.

Elodie : - C’étaient... Nos plus belles années, tu ne crois pas, quand on vivait à quatre ici ?... Tu ne crois pas que nos plus belles années, nous les avons vécues sur ce vieux canapé ?... Je crois que je vais le garder à vie.
Chantal : - Nous étions jeunes... Simplement !
Elodie : - On y croyait, ils y croyaient.
Chantal : - Nous étions à l’âge de l’ignorance.
Elodie : - Qu’est-ce que tu racontes ?
Chantal : - L’âge de l’ignorance, la jeunesse, 20 ans, 25 ans, et même 30, et nous pensions tout savoir, nous pensions tout pouvoir, et surtout on les croyait, les pantins, qui prétendaient nous montrer le bon chemin.
Elodie : - Ça va, toi ?
Chantal : - On ignore que rapidement l’avenir espéré devient du présent banal et le présent passe encore plus vite au passé. Et si on a tout vécu dans l’insouciance, le passé est un poids, un poids de remords et de regrets. Tu sais ça, maintenant, toi ?
Elodie : - T’intellectualises décidément trop. Il faut vivre ma vieille ! C’est l’éternel fossé entre les gens qui vivent vraiment et ceux qui pensent, qui pensent. Il faut choisir !
Chantal : - Oui, quand on croit que penser s’oppose à vivre.
Elodie : - Sois cool. T’étais plus cool avant.
Chantal : - C’est avant que ça n’allait pas, quand j’avançais comme une ânesse !
Elodie : - Oh là, là... Il s’est passé quelque chose... Tu as un amant ?
Chantal : - Ça va sûrement te surprendre, mais à force de les étudier, je commence à vraiment comprendre les philosophes.
Elodie : - Ah ! C’est ça ! Je me disais bien que tu avais changé.
Chantal : - Mon couple aura été mon plus grand échec.
Elodie : - Ne dis pas cela... Vous êtes heureux...
Chantal : - Finalement, on ne s’est jamais aimés !
Elodie : - Oh !
Chantal : - J’adorais son image, le rêve de midinette devant le chanteur. L’admiration n’est pas un sentiment honnête. Et pour lui, j’ai toujours été sa stabilité, la femme qui l’empêchait d’aller trop loin dans les conneries et en plus avec un bon salaire.
Elodie : - Tu es allée voir un psy ?
Chantal : - C’est avant qu’un psy m’aurait été utile. Mais il est trop tard, j’ai gâché par ignorance les années où une femme peut avoir un enfant.
Elodie : - Y’a des cas de mères à 60 ans.
Chantal : - Pas un premier enfant.
Elodie : - Mais on était pourtant sur la même longueur d’onde, à quatre : il serait fou de donner la vie dans un monde pareil.
Chantal : - Faut bien, à l’extérieur, prendre un masque pour ne pas pleurer, parfois... Quand chez toi tu entends toujours : l’année prochaine si je trouve un producteur... L’année prochaine si la tournée se passe bien... L’année prochaine si, si, si... Et moi, pauvre cloche... Mais au fond, je ne l’aimais pas, donc ne pas avoir d’enfant de lui ne me traumatisait pas... Et je me suis réveillée à mon âge... Tu te rends compte... Nous sommes dans la quarantaine... Je vais partir...
Elodie : - Partir !
Chantal : - Oui, le quitter.
Elodie : - Pourquoi tu dis des bêtises ? Tu as rencontré un mec mieux ?
Chantal : - Partir. Simplement partir. Oser le mot fin. Fin. F.I.N. Et après, tout redeviendra possible. On rencontre parfois son âme soeur à notre âge. C’est pas certain que ce sera mon cas mais qu’au moins je ne perde plus mon temps. Le pire serait de continuer en pensant que de toute manière l’essentiel est perdu, en pensant que l’harmonie, ce n’est pas pour moi. Tu comprends ?
Elodie : - Ça va lui faire un sacré coup !... Et tu crois que c’est bien le moment ? Ils ont mis tellement d’années pour se décider avant d’écrire un album ensemble, nos hommes, ça va foutre en l’air l’enregistrement...
Chantal, se lève en colère : - Mais je m’en fous ! Tu n’as rien compris, il s’agit de ma vie ! Vingt années de ma vie sont passées à la trappe, et il faudrait encore que je lui accorde quelques mois pour finir l’enregistrement d’un album que de toute manière je n’écouterai jamais ! Vingt années ! Quatorze plus six !
Elodie : - Je voulais dire... Tu as vraiment bien réfléchi ?
Chantal : - Je ne me souviens même plus de la première fois où nous nous sommes exclamées « je ne tiendrai plus longtemps. »
Elodie : - C’était pour rire. Pour dire de parler.
Chantal : - Eh bien pas moi. J’ai été vingt ans à croire aux balivernes artistiques ! A me forcer d’y croire. Mais ouvre les yeux, toi aussi ! L’art, ça n’a rien à voir avec tout ça ! Ce qu’ils souhaitent c’est le succès !
Elodie : - C’est normal, si tu n’as pas de succès, ça ne sert à rien d’écrire ou chanter !
Chantal : - Et tu vas encore rester là vingt ans, toi, à espérer qu’un éditeur remarque ton homme, qu’une magouille lui permette d’obtenir le prix Goncourt ?
Elodie : - Mais qu’est-ce que tu as ?... On ne parlait pas de moi !
Chantal : - Comme tu ne comprends rien à ce que je te raconte quand je te parle de moi, tu comprendras peut-être mieux si je transpose à ton cas ! Nous sommes tombées dans le même piège !
Elodie : - Mais arrête, tu veux foutre mon couple en l’air ? Moi je le soutiens mon homme, et je le soutiendrai toujours ! Je ne change pas, moi ! C’est pas de sa faute si l’époque est complètement pourrie, si aucun des éditeurs n’a tenu ses promesses, si les éditeurs préfèrent publier les confidences des stars plutôt que de s’intéresser aux véritables talents. C’est pas de sa faute si les metteurs en scène ne tiennent pas leurs promesses, préfèrent monter Molière alors que sa pièce est géniale. Moi je crois en son talent, c’est dit !
Chantal : - Et tu y crois encore, au véritable chanteur, au véritable écrivain ? Ils n’ont pensé durant vingt ans qu’à une chose : trouver un producteur et trouver un éditeur ! C’est ce qu’attendent les producteurs, c’est ce qu’attendent les éditeurs, tu l’as entendue combien de fois cette phrase !
Elodie : - Tu ne me feras pas douter. Tu veux en venir où ?
Chantal : - Ils se sont fait avoir ! Ils ont cru les promesses des industriels qui vivent sur le dos de l’art et nous, pauvres cloches, petites fans aveuglées par les paillettes, nous avons tout gobé, nous y avons cru à leurs promesses d’artistes « différents ». Ils doivent être des milliers comme eux, à envoyer leurs manuscrits, leurs maquettes, et à se répéter « ça correspond exactement à ce qu’ils attendent. »
Elodie : - Mais l’époque est comme ça !
Chantal : - Mais non ! Les seuls créateurs qui resteront, ce seront ceux qui n’auront pas écouté les pantins et auront avancé, auront créé une oeuvre.


(...)

Pièce theatre Chanteur écrivain
Acheter la pièce...

Seulement 6 euros le livre en papier et 2 euros 99 en numérique.

Liens pour acheter.

Autre pièce :
Deux soeurs et un contrôle fiscal théâtre pour deux femmes deux hommes


ternoise le site théâtre CONTACT (demande des textes, scènes, médias...)

Metteurs en scènes demandes autorisations
10 pièces éditées, en ligne...
Biographie (et actualité)
- Présentation des 10 PIECES publiées

- Dont Neuf femmes et la star, un texte phare

- Acheter les livres
(théâtre et autres publications de l'auteur)

Recevez : gratuit pièces de théâtre par mail.
Ternoise photographie la société, la décode, par le théâtre
Commentaires ouverts en octobre 2014 :

Votre commentaire plus ou moins théâtral...